On parle souvent de lutter contre le temps
Moi je laisse au temps le temps de vivre.....a quoi bon vouloir le contrer, le figer, l'accélérer ? Il nous contrôle quoi qu'il arrive, il nous aura forcément....
Nous sommes complémentaires, il a besoin de vies pour exister, et nous avons besoin de lui pour avancer...
Alors c'est ainsi que je crée, avec lui sans m'occuper des heures, j'imagine en même temps que lui avance...
Je m'adapte à lui...
Je m'amuse....
Simplement...
Et finalement je prends le temps de vivre.
(première série)
Pour cette série de photo j'ai exclusivement travaillé sur du noir et blanc, une façon pour moi de rendre mes photographies intemporelles.
Je joue énormément avec les lumières, les reflets, les accessoires, la nature...
Je me plie et m'adapte aux contraintes du temps, je ne m'arrete pas si la lumière diminue, je fais appel aux lumières artificièlles sans jamais utiliser le flash.
J'ai allié annalyses personnelles et recherches sur le temps pour travailler mes productions.
Jozef Bury a cité "En effet, l’image photographique offre un récit, celui de la mémoire du temps de l’interaction de la matière photosensible avec la réalité changeante." ( http://narratologie.revues.org/1022 )
J'ai décidé alors dans mes production de ne pas essayer de figer un instant mais de faire vivre le temps dans une photo. Mon but est de raconter une histoire, laisser libre imagination au passé et au futur de la scène, je joue avec les temps.
On prend souvent le temps comme contrainte. J'ai voulu donc vivre avec le temps et adapter mon art à lui.
J'ai aussi annalysé les oeuvres de Sabrina Biancuzzi rythmées par son univers silencieux
( http://www.centre-iris.fr/spip.php?article197 )
Le temps est un rythme, il donne une cadance à notre vie.
(deuxième série)
Sur celle-ci revient la couleur, avec un fort besoin de retranscrire à l’exactitude ce que je voyais. Les couleurs étaient flamboyantes, le soleil nous chauffait la peau. Le printemps arrivait avec ses douces odeurs et ses dégradés de couleurs. Aussi pour cette série j’ai continué à ne travailler qu’avec Suzy Piedevache. Une amie et camarade de cours qui à vrai dire, rythme mes journées depuis maintenant trois ans à la fac. Aussi elle est la seule à connaître parfaitement mon style et sait suivre parfaitement mes consignes pour pratiquer l’autoportrait (cadrages, réglages, lumière.. .).
Pourquoi l’autoportrait revient-il de manière répétée ?
Dans une mise en scène, qui mieux seul que l’auteur est à même d’interpréter le personnage souhaité. De plus en posant c’est une manière de ressentir plus profondément ma photo. Aussi la photographie est une sorte d’art thérapie que j’ai pratiqué afin d’enfin accepter mon corps et ma maladie. Depuis, je sent ma pratique artistique beaucoup plus libre et moins torturée. Forcement un mal être se ressent en art et mon but n’était pas de créer grâce à mon handicap mais d’être simplement moi même. S’arrêter sur un état de santé empêche d’évoluer et c’est incompatible avec l’art.
On observera aussi que dans mes deux séries, mes béquilles apparaissent. Un symbole, puisqu’elles font parties intègre de moi.